Nous sommes certainement dans une période passionnante pour aborder le sujet du courage managérial ! Hors de notre zone de confort, nous baignons tous en pleine zone d’apprentissage et dans l’expérience d’un nouveau modèle de gestion où « l’on sait que l’on ne sait pas »… La période post-pandémique fait place à un nouveau modèle de gestion des organisations à créer, pour répondre aux besoins de chacun.
En faisant des recherches sur les éléments qui composent le courage émotionnel, un outil à développer pour faire face à cette période de vulnérabilité, j’ai découvert à travers mes lectures ce terme: l’ecpathie. J’ai été curieuse de voir son application dans notre rôle de leader et d’en faire une clef du courage émotionnel. Tout comme la vulnérabilité, l’authenticité, l’empathie, la compassion, la résilience et l’ambiguïté, ce mot vient s’ajouter aux habiletés essentielles de ce courage demandé à ceux et celles qui pilotent actuellement dans la turbulence.
Ces termes empruntés à la psychologie et adaptés au leadership sont de puissants outils pour favoriser la gestion d’équipe collaborative, l’engagement et la mobilisation dans des situations non-gagnantes.
Selon ce que j’en ai pu en lire, « l’ecpathie implique de se mettre à sa propre place », une action mentale nécessaire pour se protéger de la manipulation ou de l’inondation émotionnelle des autres… J’ai alors pensé qu’en période de crise ou de traumatisme organisationnel, il peut aussi être utile pour le leader d’être ecpathique pour maintenir sa maitrise de soi lors de décision difficiles, et pour empêcher les émotions extérieures de l’entraîner vers le bas.
En accompagnant nombre de dirigeants dans l’activation de leur courage managérial, émotionnel et dans leur processus décisionnel, j’ai observé que plusieurs d’entre eux étaient excessivement emphatiques. De ce fait, le déluge affectif des membres des équipes pouvait parfois induire des émotions paralysantes empêchant les actions d’évolution nécessaires.
Certains leader se retrouvaient même pris au piège de manipulations habiles d’individu mal intentionné désireux de maintenir le statuquo.
Ainsi face à l’hystérie collective, l’ecpathie permettrait d’assumer ses fonctions et de faire « ce qu’il faut ». Je me souviens de la crise de la listériose en 2008 qui a fait 21 morts. La compagnie Maple Leaf faisait alors face à une vague de boycott de ses produits et des actions étaient requises pour rétablir la confiance de tous. C’est alors que le président Michael McCain a pris lui-même la parole, faisant face aux critiques, pour affirmer sans équivoque que Maple Leaf était responsable de la mort de ces personnes. J’ai vu dans ce geste l’exercice du courage managérial, bien aligné aux valeurs de l’entreprise, dont celle de la transparence. Je crois que l’ecpathie peut avoir été la principale clef d’action, le levier qui lui a permis d’assumer sa fonction de président, élevé face à l’inondation émotionnelle qui se déversait sur lui et sur l’entreprise pour être en mesure de jouer son rôle. Cette affirmation a certainement permis aux consommateurs d’avoir « l’heure juste », d’observer une posture authentique et par le fait même regagner la confiance de tous.
Je constate en coaching, que les gestionnaires agiles qui réussissent le mieux et avec davantage de leadership suite à la pandémie, sont ceux qui ont un facteur émotionnel plus élevé et qui savent maîtriser l’utilisation des clefs émotionnelles appropriées dans les circonstances. Si la proximité affective peut souvent être requise, comme le courage empathique, la résilience, voire la compassion, je crois que l’ecpathie peut aussi accompagner les leaders à garder le cap dans la tempête !
En ce sens, l’ecpathie serait à la fois l’opposé de l’empathie et son complément! Complémentaire dans la capacité de traiter, voire d’exclure, de manière appropriée la contagion émotionnelle et les sentiments induits. Loin d’être de l’indifférence ou de la dureté affective, l’ecpathie serait plutôt une action mentale qui permet de s’élever face des sentiments, des attitudes, des pensées et des motivations induites par les autres et inappropriées dans les dites circonstances.
Je n’en suis qu’au premier balbutiement de mes recherches et observations sur ce sujet, mais j’avais envie de vous les partager, puisque le courage émotionnel est un levier à explorer. Nous réinventons actuellement le modèle de gestion de nos organisations et par le fait même tous les humains qui les composent, ces habilités seront donc des clefs à utiliser pour assurer une réponse adéquate aux besoins de toutes les parties prenantes.